Le grand feu de 1900 raye le village de Saint-Étienne de la carte, mais ne freine pas le développement de Petit-Saguenay. La colonisation du territoire se fait tranquillement depuis les années 1860, alors qu’une poignée de familles en provenance des Éboulements, de La Malbaie, de Cap-Saint-Ignace et de Chicoutimi s’établit le long de la rivière Petit-Saguenay, à l’emplacement actuel du village. Tranquillement, un noyau villageois à vocation mi-agricole et mi-forestière jette les bases de ce qui deviendra plus tard la municipalité de Petit-Saguenay.
Au tournant du XXe siècle, la colonisation s’accélère dans le canton Dumas (la municipalité n’est pas encore instituée à l’époque), alors que des familles en provenance principalement de L’Anse-Saint-Jean viennent défricher les terres fertiles qui sont encore disponibles en quantité. Un chemin de colonisation relie déjà depuis longtemps l’établissement de Petit-Saguenay au village de Saint-Étienne, via ce qu’on appelle aujourd’hui le vieux chemin Saint-Louis, ce qui facilite grandement l’accès à ce secteur.
Parmi les premières familles établies dans le rang Saint-Étienne, on retrouve celle de Benjamin Boudreault, qui quitte L’Anse-Saint-Jean pour venir s’installer à proximité du village industriel. C’est un feu d’abattis sur l’un des chantier de bûchage de Benjamin Boudreault qui sera d’ailleurs à l’origine du feu qui rase Saint-Étienne.
L’abandon du village de compagnie par la compagnie Price ne freine pas la colonisation de Petit-Saguenay, même si l’activité industrielle est moins intense. Les initiatives sont nombreuses : moulin à bardeaux des Houde et des Gagné au « Petit Bras », moulin de la compagnie Brouillard près de l’embouchure de la rivière Petit-Saguenay, chantiers des Price dans l’arrière-pays. On compte, au milieu des années 20, six scieries sur l’ensemble du territoire ! Du coup, la population de Petit-Saguenay explose, passant de 304 âmes en 1918 à 780 en 1923.
Du côté de Saint-Étienne, la famille d’Elzéar Pelletier établit en 1921 une scierie à vapeur à la tête de la rivière Saint-Étienne, moulin qui sera en opération pendant plus de deux décennies et qui fera vivre plusieurs familles. Une autre scierie à vapeur est installée en 1924 près de l’embranchement du chemin Saint-Étienne et du chemin de la plage par la famille Perron de L’Anse-Saint-Jean.
Cette dernière est emportée par le déluge de 1928, qui cause des éboulis et a des conséquences catastrophiques dans toute la région. C’est aussi à cette occasion qu’une première brèche est percée dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Lac Défoncé. Mais c’est là une autre histoire qui sera racontée une autre fois.
Source : Russel Bouchard, Villages fantômes, localités disparues ou méconnues du Bas-Saguenay ; entrevue de Méron Tremblay par l’abbé Élias Gagnon en 1935.
Crédit photo : Collection Jean-Yves Côté
Cette chronique fait partie d’une série publiée dans le cadre du 30e anniversaire du Village-Vacances Petit-Saguenay. Pour en connaitre davantage sur l’histoire de l’Anse-Saint-Étienne et du Village-Vacances, consultez la page histoire de ce site!